La contestation contre la réforme des retraites s’intensifie dans les raffineries, entraînant une situation de pénurie de carburant dans de nombreuses stations-service en France, qui se retrouvent à sec pour la première fois depuis le début du conflit.
En raison de la grève des expéditions dans les raffineries en protestation contre la réforme des retraites, de nombreuses stations-service en France sont touchées par des pénuries de carburant ces derniers jours.
Le ministère de la Transition écologique a annoncé dans un communiqué que la réquisition de « trois salariés par relève » au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, en réponse à la crise d’approvisionnement en carburant dans les Bouches-du-Rhône, serait valable pendant 48 heures à compter du 21 mars, et qu’elle viserait des personnels jugés « indispensables au fonctionnement du dépôt ». Le dépôt approvisionne les régions PACA et Est d’Occitanie en carburant, d’où l’importance de maintenir un niveau de fonctionnement adéquat malgré la grève en cours, afin de ne pas paralyser l’économie locale.
Plus d’essence dans certaines stations
La crise d’approvisionnement en carburant en France prend des proportions alarmantes, avec environ 8 % des stations-service du pays à court d’essence ou de gazole lundi à 10h30. La situation est particulièrement préoccupante dans certains départements où certaines stations sont même à sec, un phénomène imputé à un effet de « panique », causé par les appels des leaders syndicaux à faire le plein, selon un syndicat professionnel.
Dans les Bouches-du-Rhône, la situation est particulièrement tendue, avec 50 % des stations touchées et 37 % à sec, selon des données analysées par l’AFP. D’autres départements sont également touchés par la crise, avec au moins un carburant manquant : le Gard (40,9 % des stations touchées), le Vaucluse (33,33 %), le Var (23,24 %) et les Alpes-de-Haute-Provence (22,22 %).
La crise d’approvisionnement en carburant prend de l’ampleur notamment en Loire-Atlantique où la raffinerie de Donges, à l’arrêt pour des raisons techniques, a stoppé ses expéditions de carburant depuis plusieurs jours, entraînant des pénuries touchant 29,05 % des stations de la région. Les arrêts de la plus grande raffinerie de France à Normandie (TotalEnergies) ainsi que de deux autres raffineries en Normandie et près de Marseille, si elles venaient à se produire, pourraient aggraver la crise.
Pour trouver du carburant en stock près de chez vous, le gouvernement a mis en place une carte interactive sur le site : https://www.prix-carburants.gouv.fr/
Et au niveau national ?
Toutefois, Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians, qui représente 5 800 stations sur près de 10 000 en France, assure que la situation n’est pas « dramatique » au niveau national et que c’est « essentiellement concentré dans la région Paca ». Néanmoins, cela reste préoccupant pour les usagers et suscite des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement à y répondre.
La France possède un total de 200 dépôts et les pétroliers ont pris des mesures préventives pour éviter une nouvelle pénurie massive d’essence, comme celle qui avait eu lieu en octobre dernier suite à un conflit sur les salaires chez TotalÉnergies et Esso.
Une autre circonstance aggravante qui pourrait expliquer la hausse des stations touchées par rapport à la fin de la semaine dernière est l’absence de livraisons pendant presque deux jours. Comme le rappelle Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians, il n’y a pas de livraisons le dimanche et seulement le samedi matin.
Des mesures préventives ont été prises pour limiter les pénuries
Afin de limiter les achats de précaution, la préfecture du Vaucluse a décidé ce lundi de restreindre les ventes de carburants dans les stations-service du département jusqu’à jeudi inclus. Cette mesure a pour objectif d’éviter des scènes comme celles observées à Marseille, où un camion de ravitaillement est arrivé sous protection policière dans une station-service.
En vue d’éviter une nouvelle crise de pénurie comme celle d’octobre dernier, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a lancé un appel à la responsabilité des automobilistes. Sur BFMTV, il a ainsi demandé à chacun de ne pas stocker ni réserver de carburant. Sur le qui-vive, les autorités sont prêtes à agir si la situation venait à se détériorer. Reste à savoir si les automobilistes suivront les recommandations du ministre et éviteront les achats de précaution qui risquent d’aggraver la situation.